USA TRIP PART 4 : Hi Mr Aleks !
Par Goulven Dollé.
Samedi et Dimanche sont deux jours particuliers, ce sont des jours « In between », de transit, de repos. Exit la pêche, exit le business. On se balade.
Je quitte mon hôtel de Sequim, et fais route pour la banlieue de Seattle, ou réside Aleks Maslov, le patron de North Fork Composites, qui m’a donné Rendez vous chez lui.
Je pars la fleur au fusil, sans avoir trop regardé la carte, en mode GPS Zombie, mais quand je regarde le trajet c’est en fait plein de bras de mer partout, il va falloir prendre un ferry si je ne veux pas être obligé de faire tout le tour du Puget Sound, ce morceau de Pacifique qui rentre très loin dans les terres, et sur lequel est posé la ville de Seattle.
C’est aussi la saison touristique la bas, et il y a du monde, je m’apprête à perdre quelques heures dans les embouteillages à l’embarquement, mais c’est bien organisé, et ça se fait plutôt vite.
Avant mon premier voyage au US j’imaginais, je ne sais pas pourquoi, un pays assez bordélique, façon pousse toi de là que je m’y mettre, un mix de pays de cow-boy et de bad boy. Et dans les faits, de ce que j’en ai vu, c’est au contraire très organisé, voire discipliné, il y a des systèmes partout comme dans les aéroports pour éviter les resquilleurs, tout le monde est calme, personne n’essaye de doubler en loucedé. Pareil sur les passages piétons, tout le monde traverse au signal piéton vert, qu’il y ait des voitures ou pas. Dans l’idée, globalement, ça fait beaucoup plus germanique que latin. Les gens sont plutôt cools, le premier réflexe des gens à qui tu t’adresses ça serait plus « en quoi puis je t’aider » plutôt que « j’ai pas le temps ! »
Donc je prends mon ferry au bout de la jetée de Kingston, et après une traversée assez rapide, une 20aine de minutes max, je débarque à Edmonds et je file chez Aleks.

J’arrive en début d’après midi bien avancé, Aleks et sa femme m’ont attendu pour déjeuner, c’est super sympa. On se pose dans le jardin avec des sushis et une bouteille de blanc. Ça va, on sait vivre aussi par ici, ça commence bien.

Aleks est un personnage vraiment cool, étonnant. Originaire d’Europe de l’est , il a émigré aux US pendant sa petite enfance avec sa famille. Au milieu de la trentaine, ancien d’Amazon, il a eu envie de changer deux ou trois trucs dans sa vie. Il a été recruté par Gary Loomis pour gérer l’opérationnel de North Fork Composites, et ils se sont finalement associés. Rodhouse distribue NFC depuis 7 ans , donc j’ai connu la boite avant lui. On bossait déjà avec eux à ce moment là, mais ça manquait un peu de vie, d’envie, d’allant.
Pour résumer Aleks, je pourrais raconter cette anecdote, qui résume bien la manière dont il sait mettre les gens à l’aise. C’était il y a 3-4 ans, lors de son arrivée aux manettes, et c’était notre tout premier Skype ensemble. Il avait alors raconté une anecdote, attribuée à Hemingway, du genre « Quand j’ai gagné mon premier million de dollars, j’ai dépensé la moitié en prostituées et en whiskys. Et la deuxième moitié, je l’ai dépensée en bêtises. ». Instantanément, je me suis dit qu’on allait bien s’entendre. Il était venu le temps d’une passe sur un pas, sur deux jours, nous voir à Rodhouse l’an dernier, en Juillet aussi, je l’avais reçu chez moi, on avait fait connaissance, et je l’avais emmener pêcher des bars, sur mon bateau, avec ses blanks.


Quatre ans après ce premier Skype, je suis chez lui à rigoler en terminant une bouteille de blanc dans son jardin. Aleks passe un coup de fil en vidéo call à Gary Loomis, pour qu’on se fasse coucou. Je ne sais pas ce qu’ils mettent dans leur piquette, mais j’ai un peu la tête qui tourne moi.

On termine le soir au restau avec sa famille, en mode TexMex, et je rejoins mon Hotel.
Le lendemain, Dimanche, c’est encore un jour entre deux. Aleks voulait m’emmener pêcher, mais j’ai appris que c’était l’anniversaire de sa fille. C’est aussi ce genre de gars qui dorment au bureau, alors je préfère qu’il profite de sa famille et je décline. Du coup, je suis invité à la petite fête l’après midi.
Je profite donc de mon Dimanche matin pour aller me balader. Je repère sur le net un centre commercial qui à l’air un peu moins couillon que les autres. C’est une espèce de village façon country, avec des artisans, des petits restos, des produits faits mains, des babioles estampillées authentique bois d’arbre écolo, des brocantes, c’est vert, boisé, calme. Je musarde, j’achète deux trois bricoles pour ma famille, et des petits trucs pour les kids d’Aleks. Je me dégote un petit resto méditerranéen, et je me pose en terrasse, par ici les calamars frits, une petite Corona et on est bien mon Tintin. Il fait méga beau, je suis aux US posé en train de siroter ma bière, et je dois me pincer pour être certain de ne pas être en plein trip.
Je rejoins ensuite Aleks et les siens chez lui, il y a de la famille, des amis, des gosses qui tourbillonnent partout, on mange de la pastèque en sirotant du Chawdonnayyyyy. Les gens sont faciles et cools, je me félicite encore d’avoir fait ce voyage en solo, car j’ai le sentiment de recevoir plus, qu’on me donne plus facilement des morceaux d’intimité, de chez soi, de sa vie, que si j’avais été en « groupe ». On parle de pleins de trucs, de l’Europe, des US, des vacances, des boulots de chacun. Il y a plein de trucs pourris aux US, et je ne suis pas là pour vous parler de ça, d’autres l’ont mieux fait avant. Mais il y a des trucs qui marchent bien aussi. Le week-end par exemple , ce genre d’américain là va camper. Ils sont plein à faire ça. Ils ont tous un coin de nature, au bord d’une rivière, dans la verte, qu’ils se transmettent, qu’ils se refilent entre bons potes, un petit coin de paradis, ils partent à deux trois couples, ils pêchent, ils font du boat, ils profitent de la nature, et quand il repartent, il n’y a rien derrière eux. Ça me fait un peu penser à Hoedic, une des îles de chez nous où on respire un peu. Un des sentiments que tu ressens assez vite aux US c’est probablement ça, un contact un peu plus libre avec la nature et la pampa, que chez nous. Attention, quand c’est privé, c’est privé, tu rentres quelque part chez quelqu’un sans y être invité, le type peut faire des expériences avec toi s’il le veut, sans que personne n’y trouve à redire. Mais quand c’est public, c’est libre. Sans que ça ne soit non plus open bar, façon on défonce tout et après nous le déluge. Pour comprendre l’idée, disons que s’il y a un lac, tu as le droit d’aller y camper, et s’y tu as un hydravion, tu as le droit de t’y poser. Je ne fais pas un cours de droit là hein, j’essaye de décrire un état d’esprit, là ou c’est vrai que chez nous j’ai parfois l’impression que le champ des possibles se rétrécit de plus en plus. Que la norme est partout, que la moindre discussion à propos de pêche, de drone, de ce que tu veux (mes sujets du moment) devient très vite non plus une discussion de passionné, mais un échange ou le gagnant ne sera pas celui qui sait le mieux faire, mais celui qui est le plus au courant des lois. Je ne suis pas dupe, les US ça devient de plus en plus comme ici, mais le petit air de liberté est quand même perceptible pour celui qui a envie de l’écouter.
La soirée se passe tranquillement, il fait inhabituellement chaud à Seattle, les enfants se tendent des embuscades à coups de bombes à eau tandis que les parents rigolent, c’est une fête d’anniversaire cool, comme dans tous les pays du monde. Je remercie infiniment Alex, ses amis et sa famille de m’avoir permis de vivre ces moments de réelle intimité, dans leur monde à eux, leurs proches, leur vie comme elle est. Je ne savais pas trop comment raconter ça, et déjà si je devais le raconter. Ayant choisi d’axer le report sur un ton un peu perso, j’en parle un peu, en essayant de respecter au maximum l’univers de ceux qui m’ont si bien accueilli.
Retour à l’hôtel. Aleks m’a briefé sur le programme du lendemain. Les dudes, je crois qu’on est dans le paranomal là. Demain, on va pêcher des bass dans le désert, à l’ouest de la Columbia River. Mais je fais comment pour réussir à dormir moi ???
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