#ThisIsHowWeDoIt5 : La pêche du bar en finesse, par Pierre-Yves Le Goff

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Un grand Merci à Pierre-Yves Le Goff, plus connu dans l’univers halieutique sous le pseudo de baroleurre, qui nous fait partager son approche de la pêche du bar en finesse …

« Finesse is my business… »

Cela fait quelques années, j’ai rencontré une personne qui a définitivement modifié ma façon de voir la pêche du bar, du bord… Erwan Leroux.

Erwan Leroux

Il m’invita à le suivre dans ses sorties et ce fut une véritable révélation…. Finesse ne rime plus avec faiblesse mais avec efficacité et aussi, surtout, avec plaisir… Depuis je vis avec cette phrase dans la tête « finesse is my business !!! » et je tente, avec une certaine modestie, d’approfondir cette vision au travers de la pêche à vue et de la « gratte » du bord…

Ce que cette pêche vous apporte c’est le plaisir de l’instant, dans son entièreté. En effet certaines techniques notamment embarquées, toutes aussi louables, imposent un matériel plus imposant et viennent par là même biaiser la relation que nous avons au poisson. Le combat pourrait sembler inégal et pour atteindre notre petit rictus de béatitude, de satisfaction, il faudrait multiplier les prises… Ici, point de valeur dans le nombre mais plutôt dans la sensation, l’instant. Un bar n’aura jamais eu autant de valeur que dans ces moments la…



Mais revenons-en à la pratique, d’un point de vue plus technique, la pêche dite « finesse » répond dans un premier temps aux contraintes que nous imposent les bars, Il est donc nécessaire de pouvoir leur donner ce qu’ils veulent et dans de nombreux cas, ils ne réagissent que sur de petites proies, ou, sur celles qui émettent de faibles vibrations…

Il n’est alors, point besoin de vous dire que le matériel se doit d’être en corrélation… J’ai longtemps utilisé une canne de marque, celle-ci était étiquetée « finesse », n’en avait que le nom et avait une réserve de puissance de fou, ce que je pensais être un atout mais suite à plusieurs casses, sur ligne fines (à l’époque), 12/100 en tresse et 21/100 en bas de ligne (annoncé 4kg5, suffisant non ?!!!)… Je me suis penché sur la question. Un petit tour sur le site « Rodhouse » et me voilà en quête de la perle rare avec mon cahier des charges. Un petit blank sympa en est ressortit, le rx8+ S822.5 de chez Batson Rainshadow… 3.5-14 gr pour 2m10… Plein de sensibilité (dans ce monde de brutes) et avec un dernier tiers pas trop raide afin de propulser les leurres faiblement plombés mais surtout et c’est là, « le » point principal cette capacité à pouvoir amortir les rushs des bars…. Une canne finesse ne peut pas, pour moi, être une trique aussi fine soit-elle…

J’ai depuis compris mes erreurs passées et je peux désormais pêcher correctement avec une tresse annoncée en 8/100 et mon fidèle, long bas de ligne de 21/100… Je place en général deux longueurs de canne de ce bas de ligne, soit environ 4 mètres, afin d’être assez discret. Pour cela, je réalise soit le nœud « Peixet » ou « allbright »… J’avoue avoir un petit faible pour le « peixet » qui passe très bien dans les petits anneaux…
Voici une vidéo qui montre la réalisation du nœud « Peixet »

Je ne finalise pas mon nœud de la même façon… une fois le fluoro coupé, je réalise de nouveau deux ou trois clefs dans un sens et enfin une double clef dans l’autre sens, ce qui a pour conséquence de faire disparaitre le point d’accroche qu’offre le petit excédent de fluoro. Il est indispensable, vu les diamètres employés de vérifier votre bas de ligne régulièrement et de le changer au moins une fois en cours de session…
Loin de moi, l’idée de miniaturiser inexorablement les éléments de ma ligne. Il serait dommageable de mettre en danger le poisson par un excès d’intégrisme, d’ailleurs si le poste ne correspond pas dans sa configuration, je passe sur des bas de ligne plus gros, voir je change de combo, mais pour pouvoir propulser à bonne distance et soustraire au courant 3,5gr de tête et les quelques-autres de plus du leurre, cela devient intéressant…

Une fois le combo trouvé, pour faire ouvrir la gueule de ces « leurro-phobiques », il faut souvent être proche de la réalité mais aussi faire preuve de beaucoup de sang froid et de patience. Les animations se résument souvent à du « falling », des vibrations du scion infimes, un glisser sur le fond, une récupération d’un vingtième de tour de moulin au bon moment!!!

Cette pêche ne supporte que peu l’approximation mais du coup place le pêcheur dans une réflexion permanente et force l’optimisation technique… La proximité du poisson, ce qu’il mange, la nature du poste, sa lecture, autant de questions qui ne laissent place à la routine et mettent le pêcheur en mouvement… D’ailleurs, Contrairement aux orientations dues à la saisonnalité, gros leurres l’hiver, petits leurres en début de saison dans les estuaires et les abers, je pense que cela est moins vrai… nous avons affaires à des pépères plus cueilleurs que chasseur (même si on aime bien ce terme) et surs de leur garde- manger… Il y a même malgré le fait de leur méfiance avérée, une certaine nonchalance et à les voir régulièrement fouiller le même caillou, le même groupe d’algues ou apport d’eau de manière quasi systématique et ponctuelle, on peut se dire qu’ils n’ont pas besoin de se bouger la caudale à outrance pour se repaitre et une accumulation de petites proies ne les dérange pas le moins du monde… Je pense juste qu’à l’approche de l’hiver les périodes d’activité sont plus fréquentes, ils augmentent ainsi le volume général des proies et non le volume de chacune d’elles… Après, le bar reste opportuniste et ne crachera pas sur un gros morceau !!!
Alors oui affiner son montage devient utile lorsque l’on pratique par eau claire et donc aux beaux jours…. Ce qui en plus rend le montage plus discret à l’impact sur l’eau, tout bénef’!!!
Alors bien sûr, l’équipement, le matériel jouent un rôle prépondérant mais l’approche du poisson y est tout aussi importante. Difficile parfois, lorsque l’on fait plus d1m90 et que l’on est proche du quintal de faire le héron dans la vase, de se grimer en rocher couvert de fucus et d’avancer à pas de loup, alors, Il vous faudra aussi porter le lourd fardeau de l’humilité et y adjoindre un brin de philosophie, souvent nécessaire lorsque l’on se fera régulièrement remettre à notre place d’un coup de caudale nonchalant, refus !!! Alors chaque poisson sera une explosion d’émotions, de sensations, de fierté…
Point de certitudes, d’art ni de science, juste une question de passion…. « Finesse is my business!!!! »

(Mes leurres de prédilection cette année ont été :
– Les shads 4 pouces, pour  « la gratte » (one up de Sawamura et le slit-shad de « Sakura » et le Vibro fat de « Crazy-fish » montés sur des têtes plombées texanes en 3,5- 5,4 gr de chez illex, decoys et aussi le montage sur flex head de « Crazy-Fish » en 2-4-6gr avec les hameçons texans appropriés (2/0 et 4/0)…(Ils correspondent à la plage haute de ce que je lance…)

Je n’ai besoin de vous cacher que cette année, j’ai débuté un partenariat avec « Leurres et Compagnie » et que j’ai donc beaucoup pêché avec les leurres « Crazy-Fish »…. Une de mes révélations de l’année est le « vibro worm » en 3,8 pouces…

Ce petit shad, très souple s’adapte parfaitement aux situations rencontrées en pêche à vue et en gratte en milieux confinés et sur des poissons méfiants qui naviguent dans peu d’eau… Je le monte du texan classique à des TP de 1,8-2-3,5gr. Celui-ci s’anime dès le moindre mouvement d’eau et travail parfaitement à la descente ce qui est souvent suffisant…Il me vaudra ma plus grosse déconvenue sur un bar de 6-7kg dans 40cm de flotte qui frotta sa grosse tête sur un tas d’huîtres mortes sur le fond et oublia derrière lui un pêcheur parkinsonien !!!
En vrac, d’autres leurres :
Le multistick de « PDL » en 4,5-5,5 pouces, le dolive stick d’ « OSP », des écrevisses et encore… en ce qui concerne les montages la aussi du texan, du neko rig…)