Tacon, truitelle … comment ne pas s’y perdre ?

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Voici un article qui me tenait à cœur d’écrire depuis bien trop longtemps déjà …

Ce n’est pas un article exclusif car de nombreux autres sont disponibles sur internet et chaque pêcheur arpentant les cours d’eau où le saumon est présent devrait pouvoir faire la différence les yeux fermés ! Hors, malheureusement, c’est loin d’être le cas … Et j’ai très souvent entendu parler de truitelle alors qu’il s’agissait de tacon et inversement. Pourquoi ? Car la différence n’est pas facile à faire au début … j’avoue avoir été perdu plus d’une fois !

Du coup, je vais essayer d’apporter des précisions que je n’ai pas forcément vues écrites ailleurs et qui m’aident, à coup sûr, à faire la différence 🙂

Un tacon ? Kézako ?

Commençons par le commencement ! Le tacon est un jeune saumon atlantique, tout simplement !

En effet, malgré le fait que les populations de saumon français ont considérablement diminuées, de nombreux cours d’eau ont encore la chance d’accueillir ce magnifique migrateur qui passe plusieurs années en mer avant de revenir se reproduire dans le petit court d’eau de son enfance. Quelques mois après l’éclosion des œufs, les jeunes saumons, nommés tacons vous l’aurez compris, vont encore séjourner 1 à 3 ans en eau douce selon
les profils de température et la richesse du milieu. Ils atteindront alors une taille pouvant aller jusqu’à 18 cm avant d’entamer leur smoltification et quitter la rivière pour la mer.

Cependant, durant cette étape de leur vie, ils ressemblent à s’y méprendre à une truite fario et ne reçoivent pas toujours le soin qu’ils mériteraient …

  Un magnifique géniteur d'environ 75cm pour 4kg retrouvé malheureusement mort au fond d'un cours d'eau finistérien de 6 mètre de large le printemps dernier
Un magnifique géniteur d’environ 75cm pour 4kg retrouvé malheureusement mort au fond d’un cours
d’eau finistérien de 6 mètre de large le printemps dernier

Le jeu des différences

Maintenant que vous savez ce qu’est un tacon et que, du moins je pense, avez compris les motivations à réaliser une différentiation certaine avec une truite fario, voici les points à regarder. Je dis bien les points car, comme pour les champignons par exemple, il est nécessaire de vérifier plusieurs spécificités pour ne pas se tromper ! Ces spécificités sont premièrement physiques mais aussi comportementales.

Commençons par les spécificités anatomiques. Elles sont plus facilement décelables et permettent l’identification à elles seules ! Pour appuyer cela, je vous propose les photos d’un tacon et d’une truitelle dont la confusion est possible.

une jolie petite truite fario
une jolie petite truite fario

un joli petit tacon
un joli petit tacon

Je vais maintenant procéder par observation de la même façon qu’au bord de l’eau : par étape !

1) Le premier point caractéristique est la forme de la tête. Le tacon a une tête plus petite avec un œil qui parait bien plus gros ! Ensuite, il possède une bouche qui ne dépasse jamais l’arrière du noir de l’œil contrairement à une truite

2) Le deuxième point vraiment frappant est la dimension des nageoires pectorales qui sont beaucoup plus développées chez le tacon que la truite ! Rangées le long du corps, pour un tacon, elles atteignent facilement le niveau de la nageoire dorsale ! Et en parlant nageoire, il y a un autre point qui ne trompe pas : s’il y a du rouge ou orange/jaune sur l’adipeuse, c’est une truite ! La nageoire adipeuse du tacon est grise (voir avec des reflets bleus) … la même analyse sur les couleurs peut être faite pour la nageoire caudale !

3) La distinction doit déjà être plus précise mais il y a encore quelques petits points bonus notamment celui-ci : il y a très peu de tâches noires ou rouges en dessous de la ligne latérale sur un tacon ! (caractéristique qui aidera aussi à la différencier d’une truite de mer une fois adulte !)

Voilà des moyens simples pour ne pas se tromper ! Vous noterez que je n’ai pas parlé de l’échancrure de la queue et des tâches bleues (finger print) sur le corps … Pour moi, ces détails aident simplement à amplifier le doute !
J’ai vu des truites avec des queues qui paraissent échancrées et des tâches bleues (comme sur ma photo) et des tacons sans tâches … Donc, si vous n’avez pas l’habitude de ce poisson, ne retenez pas cela en priorité 😉

 Une photo bonus : looonnngue nageoire pectorale et tooouuute petite bouche ;)
Une photo bonus : looonnngue nageoire pectorale et tooouuute petite bouche 😉

Enfin, je vous ai parlé de différences de comportement ! Si elles ne permettent pas d’identifier aussi clairement votre poisson, elles vous mettront la puce à l’oreille et avec un peu d’habitude, avant même de l’accueillir, vous serez de quoi il s’agit ! En effet, bien qu’il se ressemble, le caractère est totalement différent !

1) Un tacon est très nerveux et frétille énormément (un vrai vibromasseur) avec une grosse tendance à enchainer les chandelles ! Alors qu’une truite aura des mouvements plus amples et lents …

2) Les tacons réagissent très mal aux leurres durs mais se jettent volontiers sur une cuillère tournante bien présentée (ou une mouche mais je ne m’étalerai pas sur cette discipline ni sur celle aux appâts …)

Enfin, précisons que les tacons se rencontrent généralement sur les radiers peu profonds avec un bon débit, si possible de la végétation et encore mieux si cette zone se trouve prêt d’une fosse !

Bref …

Voici les éléments que je souhaitais apporter aux nombreuses publications concernant le sujet. Je n’ai pas cherché à faire un résumé, il en existe plein ! Je voulais simplement détailler le sujet pour aider les novices à mieux reconnaitre ce poisson afin de
pouvoir en prendre soin : il représente notre saumon de demain et nous devons en prendre soin si nous voulons retrouver cette richesse halieutique !

Je finirais sur quelques recommandations : les tacons sont rarement seuls sur la zone, ce poisson est fragile et précieux donc si vous en prenez un, ayez le réflexe de continuer votre chemin ou passez sur un leurre dur de taille plus conséquente … Et surtout,
manipulez-le avec beaucoup de précaution et avec les mains mouillées, ne le laissez pas longtemps hors de l’eau et mieux encore, décrochez-le dans l’eau sans le toucher !

À vous de jouer maintenant !

euh … c'est quoi ça ? :)
euh … c’est quoi ça ? 🙂

ps : effectivement … le mien est resté en dehors de l’eau pour une photo afin d’écrire
cet article … mais j’ai fait attention de le laisser dans l’eau le temps de préparer l’appareil et je n’ai pas insisté sur les prises de vues !