La pêche de la vieille depuis la côte.

Par Paul BERNARD.

La pêche en mer est essentiellement tournée vers des espèces dites « nobles », comme le Bar ou le Lieu. Lorsque j’ai démarré la pêche salée, il y a maintenant plus de quinze ans, je m’étais étonné de voir que certaines espèces faisaient l’objet d’un rejet massif par les pêcheurs aux leurres. La vieille est l’exemple typique du poisson peu recherché, considéré comme inintéressant. Habitué des pêches d’eau douce, j’ai toujours apprécié ne pas rentrer bredouille, préférant prendre une ou deux « sous-espèces » que rien du tout! Aussi, je me suis naturellement intéressé à la pêche de la vieille, poisson beaucoup plus intéressant qu’on ne le pense !

Où es-tu la Vieille ?

Pour trouver de la Vieille, rien de plus simple, dirigez-vous vers les zones rocheuses et herbiers, notamment laminaires. On recherchera donc plus précisément les pointes ou les anses rocheuses, soumises aux marées. Avec l’aide d’Internet, repérez les potentiels endroits que vous pourrez prospecter. Vous gagnerez ainsi un temps précieux.
Idéalement, pour cibler les plus gros poissons, recherchez les zones un peu plus profondes, ou soumises à la houle.

Point sécurité : Attention, en côte rocheuse, soyez particulièrement vigilants lorsqu’il y a de la houle. Deux grands principes : restez à distance des zones mouillées sur les roches, et ne tournez jamais le dos à la mer ! Et encore deux autres pour la route : essayez de ne pas sortir seul, et prévoyez le gilet !

Quels leurres utiliser ?

La pêche de la vieille se pratique essentiellement aux leurres souples. Occasionnellement, sur certains spots, vous pourrez en prendre aux leurres durs, notamment sur du casting jig.

N’investissez pas spécifiquement dans des leurres à vieille ! Ce poisson est tellement vorace que tout leurre souple bien présenté sera croqué. La pêche de la vieille est donc un excellent moyen de faire le vide dans vos boîtes : vieux worms, vieilles créatures ou virgules, shads ou slugs, tout y passe tant que ça rase le fond ! Privilégiez les coloris se rapprochant de la couleur de la roche ou des herbiers : verts, marrons, pourpres, kakis…

Quand et comment leurrer la bête?

La Vieille est particulièrement opportuniste et agressive lorsqu’elle est en phase d’alimentation. Personnellement, en pêche du bord, je privilégie les trois premières heures de montant, mais ça n’est pas une règle… En fonction des postes, tous les horaires de la marée peuvent être bons.

Pour réussir à les déclencher, vous devez passer en mode « rase-caillou ».

Dans la mesure où l’objectif est de raser le plus possible les roches, je n’utilise que des hameçons texans en montage Carolina, ou avec des têtes plombées adaptées. Les têtes plombées « classiques » peuvent être utilisées, mais le risque de croche est clairement plus élevé.
Le montage Carolina (plomb balle pour montage texan, perle-arrêtoir et hameçon texan positionné 50 cm derrière) est clairement adapté à la peche de la vieille. Il vous permet de coller le plus possible au fond, tout en limitant le risque de rester tanker sur un rocher. C’est avec ce montage que j’ai le plus de résultat, permettant de bien gratter, et d’insister au ras du fond. Pensez bien à laisser un espace entre le plomb et le leurre, pour que celui-ci plane bien.
Pour les pêches plus classiques, en tête plombée, accompagnez bien la descente, la plupart des tapes interviennent à ce moment.
Pour finir, le bas de ligne doit être adapté à l’objectif : raser la roche. Choisissez un bon fluoro, en 40 ou 45 centièmes, une agrafe et le tour est joué.

Un combat particulier …

Comme pour beaucoup d’autres espèces, les touches peuvent être très variées : de la grosse croquette qui réveille la nuit à la « touche en retour » des carpistes, vous aurez le droit à toutes les combines. Le principe est simple : toute sensation bizarre se fait sanctionner d’un ferrage de cow-boy (ou d’indien, selon vos sensibilités).

Le combat est assez rapide, mais très intense dans les premières secondes. Ne cherchez même pas à régler votre frein, serrez-le au maximum, et ne laissez pas le moindre centimètre de fil au poisson sous peine de le voir rejoindre son trou à jamais. Une fois que vous aurez réussi à la décoller du fond, la puissance de la vieille diminue, même si certains sujets peuvent vous donner du fil à retordre.

Quelle canne utiliser ?

Voici ma liste des points forts d’une bonne canne pour rechercher la vieille du bord :

• La puissance, pour être capable d’empêcher les poissons de retourner dans le trou, ou derrière la roche. Je privilégie donc les blanks coniques, permettant de tirer dessus sans serrer les fesses.
• La sensibilité, comme dans toute pêche à gratter, pour pouvoir discerner une tappe, le fond, une algue…
• La longueur, qui va dépendre des postes que vous allez pêcher. Si vous sélectionnez des zones abritées, vous n’aurez pas forcément besoin de beaucoup de longueur. Mais si comme moi, vous affectionnez les côtes rocheuses, balayées par la houle, sélectionnez une canne dépassant les 2m50, qui vous permettra de pêcher un peu plus en retrait, donc en sécurité.

Pour ma part, j’utilise deux blanks en particulier :

• Le NFC Spin Jig 705-1 IM, d’une longueur de 2m13, 10-30 grammes. Ce blank très conique offre une très belle réserve de puissance pour les gros poissons, et permet de décoller les poissons sans réfléchir (ce qui m’arrange bien !).
• Le Matagi Super Seabass TR 96, d’une longueur de 2m90, 8-28 grammes. Ce second blank est parfait pour les pêches de côte rocheuse. Moins puissant que le précédent, sa longueur est un gage de sécurité, et permet de mieux contrôler les dérives. Avec ce blank, fini les sessions écourtées à cause de la houle ou du vent, vous pouvez pêcher plusieurs mètres en retrait, et profiter de conditions houleuses sans vous mettre en danger.

Vous voilà maintenant parés pour pratiquer la pêche de la vieille en bord de mer. N’oubliez pas de remettre à l’eau dans les meilleures conditions vos poissons. Et même si cette espèce n’est pas reconnue pour la qualité de sa chair, prenez en soin!