USA TRIP PART 3 – A bit more of dungeness crab.

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USA TRIP PART 3 – A bit more of dungeness crab.

Par Goulven Dollé.

Après une bonne nuit de sommeil j’émerge encore un peu matinalement à mon goût au Bay Lodge de Sequim. Un bon gros café des champions plus tard, je saute dans mon Ford Escape de location à destination des bureaux de Batson.

Après l’arrivée et la journée de pêche au saumon, je sais qu’on va rentrer dans une partie un peu plus business d’une part mais aussi rencontre IRL des gens avec lesquels je travaille depuis des années par mail, et technique, car j’ai des questions à leur poser, sur leur matos, sur le rodbuilding.

Je m’arrête en chemin dans une station essence pour acheter deux trois cochonneries à manger. Aux US tu rentres dans les stations-service des deux côtés, il n’y a pas de sens. A part ce détail, ça fonctionne comme en Europe au final, tu y trouves de tout, probablement un poil plus de nourriture qu’ici, ça fait un peu plus supermarché. Tu y trouves surtout des cafés américanos grand comme un thermos, et forts comme de la piquette à mamie. Quand un américain te dit qu’il carbure au café toute la journée, dis-toi bien que c’est du jus de chaussette son café, c’est du café pour enfants. S’il boit un seul expresso bien tassé de chez nous, le gars se retrouve avec un trou dans le ventre ouvert des deux côtés façon balle doum doum. Mais …. On s’y fait, on peut en boire tout le temps, ça fait un peu d’effet quand même et effectivement on souffre moins …

Donc j’arrive chez Batson Ets, et ça commence par une grande visite des locaux, avec rencontre des employés à tous les postes, et ça le fait bien. Un mot gentil et cool pour, et de tout le monde, c’est une belle journée ensoleillée à Sequim, tout le monde a la patate façon US, et même si on sait qu’on joue un peu, ça fait du bien et c’est agréable.

Bill Batson et Goulven Dolle

Blanks rainshadow Batson
Qui n’en veut des petits blanks ???

Ils sont 23 si je me souviens bien à travailler là et l’ambiance me paraît détendue et pro, impression que j’ai depuis 7 ans avec Batson, fiables, réguliers, carrés. Je rencontre les gens des expés, du marketing, du secrétariat, des achats, etc.

Point business avec Bill. Je retiendrai de son bureau les centaines de cannes qu’il contient, toutes montées par des rodbuilders pros ou amateurs, sur des blanks Batson. Je crois n’avoir jamais vu autant de cannes dans un bureau, il y en a littéralement des centaines.

Bill Batson desk
Le bureau de Bill Batson… Et quelques cannes.

Je rencontre ensuite un monument de l’histoire du rodbuilding, à savoir Mike Thorson. Mike est un monument dans tous les sens du terme, ancien joueur de football américain, c’est le premier gars que je rencontre en vrai dont les mollets sont vraiment gros comme mes cuisses. Je suis un bon moyennard de Moyennie profonde, 1,76cm pour 80 kilos, et sur la photo j’ai l’air d’une cacahuète.

#nofilter : Mike Thorson est vraiment une montagne !

Monument ensuite parce qu’en terme de compétences, Mike est au top. Anciennement parmi ceux qui étaient en charge du design de blanks chez St Croix, c’est un puit de connaissance, sur les procédés de fabrication, les usines, qui fait quoi, comment mieux faire. Je passe un long moment avec lui, j’ai une liste de questions longue comme le bras, il répond avec amabilité et simplicité, parfois croquis à l’appui, pour étayer ses explications. J’avais préparé mon voyage depuis un moment, associant en amont les gars du ProStaff Rodhouse en leur demandant quelles questions ils aimeraient que je pose pour eux.

Mike Thorson explanations


J’apprends mille choses. Plus en une heure qu’en plusieurs années à commercialiser des blanks. Si le voyage s’arrête là, je sais déjà maintenant de quoi je suis riche. Mais ce n’est que le début.

On parle aussi de sujets tabous en France, la casse des cannes par exemple. Les constructeurs américains n’ont aucune difficulté à aborder ce sujet, à en causer, et donc à faire de la pédagogie. Donc à élever le niveau. En France quand tu parles de ça avec des pros tu as l’impression d’évoquer les meilleurs de moments de Festen, et quand tu commences à évoquer le sujet avec des particuliers les mecs sont offensés comme si tu leur disais qu’ils ne savent pas pêcher.

J’ai toujours par exemple été scié par le nombre de gars qui pètent leur rod au ferrage en envoyant des ferrages de poney, frein serré à toc.. Les miennes, celles d’autres, ce n’est vraiment pas le sujet. Et là Mike me sort un truc auquel je n’avais pas pensé, et qui depuis me semble évident, « tresse ou mono ? » Et bien, tresse, puisque maintenant tout le monde ou presque pêche en tresse … bon, bah une rod qui pète sur un gros ferrage de fou furieux, en tresse, frein serré à toc pour bien enfoncer le clou, pour Mike, c’est l’évidence. En tresse, toujours garder un peu de frein, puisque la ligne n’a plus d’élasticité. Gary Loomis de NFC confirmera ensuite, puisqu’une partie des questions que je poserai seront communes. Dans la culture ricaine, une canne est un outil, il faut savoir s’en servir, ça s’apprend, on ne naît pas en sachant ça.

Rod usage and safety tips
C’est quand même beaucoup plus clair.

Respecter les angles, faire des distinguos tresse-mono, savoir qu’un frein ça ne souke pas que à la pince dans le coin droit tout le temps, etc. Il suffit de taper quelque chose comme « how to avoid rod breakage » dans google pour comprendre qu’on est peut-être passé à côté de quelque chose en France en terme de discours sur ce sujet. Que plutôt que de répéter fièrement « mon bout de carbone de 45 grammes tout mouillés est invincible » et de régler ça ensuite en loucedé quand le gus te ramène les cadavres en 4 morceaux, on ferait mieux de lui expliquer « Tu sortiras quasiment n’importe quoi avec n’importe quoi » tant que tu respecteras tes angles, et que tu te rappelleras que sur ton moulin, il y a un frein ».

Batson hall of fame

Mike m’en apprend aussi un peu plus sur l’histoire de Batson. Ils ont eu leur usine de blanks à Sequim, mais produisent maintenant en Chine sur les plans de nappage et les patterns que fait Mike, pour des raisons de coût. Donc ils ont cette expertise. Pour en avoir produits, ils savent ce qu’est un blank.

On sort ensuite avec Mike, canne à mouche en main, car Mike, c’est moins connu, est aussi instructeur de fly (sa pêche de prédilection) et il veut me montrer deux trois trucs. Je dis oui oui fantastique, mais j’avoue que c’est un peu bidon, je suis le plus mauvais moucheur de ce côté-ci du Mississippi.

Mike Thorson Fly caster from DOLLE goulven on Vimeo.


On passe ensuite un bon moment avec Karry dans l’entrepôt, présentation des nouveautés. Je tombe en arrêt devant les blanks RTP (Tuna Popping) 80 MH et 80 H, référencés dans notre stock dès mon retour, devant les grips Hypalons, beaucoup plus extensifs et résistants que l’EVA, qui font eux aussi partie de notre offre depuis.

Je me tape une crise de fou rire devant un massacre d’une sorte de créature infernale de type sanglier américain au regard torve et agressif, un mélange étonnant de Pluto enragé et de Razorback de kermesse, il me faut 5 minutes pour m’en remettre. Evidemment, il faut que j’attrape l’escabeau pour le prendre en photo et terrasser la malédiction qui me fait ricaner depuis 5 minutes. Je vous le dédicace mes amis.

hihihihihi ….

On arrive au début d’après-midi et en prévision du repas du soir, les Batson ont prévu d’aller pêcher du Dungeness Crab. On se retrouve chez Karry, maison en bois dans la pampa, pour charger la coque Alu de Bill avec les casiers qu’on utilisera tout à l’heure.

On met à l’eau depuis une plage, en utilisant la méthode du « power launch », ça a du bon les coques Alu !!

Boat power launch from beach from DOLLE goulven on Vimeo.


Il y a Bill, Karry, Sean et sa famille, il fait méga beau, et on profite de la ballade. Sequim est située au bord d’une baie, coincée entre le détroit, et les montagnes. Un phénomène météo appelé « Rainshadow » prive de pluie toute une partie Est de la côte située derrière les montagnes. C’est ce phénomène qui donne son nom aux blanks produits par Batson. Pour nos copains les crabes, c’est la pleine saison, les casiers sont vite remplis, et une fois la maille validée, ils sont mis au sec.

Le phénomène « Rainshadow » qui bloque les nuages sur les crêtes.

Dungeness crab Dungeness crab


Le soir ça sera Crab Party chez Karry, avec des copains, des ProStaffs et de la famille Batson. On est en pleine Americana Song, la maison dans la pampa, les chevaux, tout le monde dehors.


Ça vexe mon orgueil de breton, mais les Dungeness Crab sont délicieux, ça vaut largement le tourteau, peut-être moins l’araignée, mais c’est bien plein et super bon. Dieu merci il nous reste un peu d’avance civilisationnelle, car ces barbares trempent le crabe dans du beurre plutôt que de la mayo, et ils accompagnent ça de bière plutôt que de blanc sec, l’honneur est sauf.

A propos de Dieu il s’est passé ce petit moment qu’en tant que laicard revendiqué j’attendais avec une pointe de goguenardise, c’est à dire la prière. Et puis là encore, bim bam boum, ça s’est bien fait. Déjà ce n’est pas à tous les repas, les seules que j’ai vues avaient lieu le soir, à l’occasion des « grands » repas, avec du monde. Ensuite, et mon cœur de mangeur de curé (je vous avais dit qu’il y allait y avoir des trucs perso) saigne de dire ça, encore une fois, c’était …plutôt cool. Et je suis revenu il y a un mois, donc non, je ne suis plus plein d’IPA. Plutôt que cool, on va dire que c’était inoffensif, vraiment. A un moment un autre Sean appelle tout le monde, genre attention, je vais faire péter un discours. Pour vous décrire le truc, le gars Sean dont il est question est en tong, baggy, le poil long, tatoué de partout, et il a plutôt l’air de sortir d’une soundtrack de RATM qu’autre chose. Mais là, la quinzaine de personnes présentes forme une sorte de cercle, d’univers patatoïde dirons-nous, se tiennent par la main, tandis que Sean improvise une sorte d’ode à la journée qui s’est passée. Pas de signes particuliers, pas de protocole, pas de rituel trop pressant, ni de phrasé monocorde ou de doigt vengeur tendu vers le ciel, ça pourrait presque être païen, épicurien.

Le soleil tombe sur le détroit Juan de Fuca, il nous chauffe encore la peau, la lumière est vibrante, on va boire des bières sur la terrasse en bois de Karry en mangeant des Dungeness Crab, et c’est juste parfait.

La nuit règne depuis un moment et il est tard quand on se sépare. Contacts échangés avec tous les ProStaffs et les copains, embrassades, promis on jouera le match retour en Bretagne. Là maintenant, je sais pourquoi je suis venu. Pour les gens. Comme dans tous les voyages, ce sont les rencontres, les visages, les voix, qui donnent du sens et du relief à tout ça. Les photos de paysage, on s’en contre cogne. On ferme les yeux et paf, d’un coup on est riche, millionnaire, sans comprendre pourquoi. Merci mille fois à la Batson Team de m’avoir permis de vivre ces moments d’échange, de pêche et de vie avec vous. Je suis derrière mon bureau à écrire, le soleil rasant de Sequim traverse l’Atlantique pour me chauffer la peau, et je me souviens.

Ensuite, ce n’est pas très sérieux mais je reprends la voiture, et je rentre pas trop vite, sans encombre à mon hôtel, probablement très légèrement hors du cadre défini comme acceptable par le législateur (trop de crabes).

Demain je fais route à nouveau, cap chez North Fork Composites.


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